Bernard Bigras, le nouveau président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG), retrace au travers de cette entrevue une partie de son parcours professionnel, ainsi que son cheminement personnel, vers un attrait pour les secteurs du génie dans un contexte de développement durable.
Quel est votre parcours?
Je résume souvent mon parcours à trois temps et un mouvement, essentiellement lié au développement durable. Pour moi, ça a vraiment été une révélation lorsque j’étais député fédéral à la Chambre des communes à Ottawa. Je me rappelle lorsque j’ai été élu en 1997, j’avais 26 ans à l’époque, on m’a confié une responsabilité qui était celle de l’environnement et du développement durable. Je me suis donc rendu au Japon pour participer, au sein de la délégation ministérielle, aux échanges portant sur la ratification du protocole de Kyoto sur les changements climatiques. Il y a près de 25 ans, ces questions ne représentaient pas un enjeu aussi important et structurant qu’aujourd’hui. Mais je suis revenu de cette rencontre en me disant que c’était sûrement l’enjeu majeur qui allait déterminer de tout le reste, et que j’en ferais essentiellement mon engagement professionnel.
J’ai donc été 15 ans porte-parole à la Chambre des communes d’Ottawa, puis je suis entré en 2011 au service de la ville de Longueuil, où on m’a confié le mandat de mettre sur pied un bureau de l’environnement et du développement durable. Je me suis alors entouré de professionnels en vue d’élaborer la planification stratégique pour la municipalité, et en deux ans, je suis passé de chef de service du bureau, à directeur général adjoint, développement durable de la municipalité. Sous ma responsabilité, j’ai eu la direction du génie bien sûr, mais aussi la direction de l’urbanisme, des grands projets, des services des actifs immobiliers, puis une partie aussi des affaires publiques. J’ai passé cinq années à la ville de Longueuil, et par la suite, toujours dans une perspective de développement durable, j’ai accepté un mandat à titre de directeur général de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ), ce qui m’a permis de développer des liens très étroits avec les professionnels du secteur de l’aménagement. J’ai fini par me dire que finalement, il n’y a rien qui soit complet en matière de développement durable, si on n’intègre pas le secteur du génie. Je me suis rendu compte que l’on a beau faire des plans d’aménagement et de conception, l’ingénierie et le génie sont la « pièce maîtresse » de la lutte au changement climatique. C’est en partie ce qui a motivé ma décision de proposer ma candidature pour le poste de PDG de l’AFG.
En tant que nouveau président-directeur général de l’AFG, quels sont les défis qui vous ont attiré et motivé à rejoindre l’association?
Pour moi, il est clair que si je n’avais pas senti de la part des firmes de génie-conseil une volonté d’agir dans la lutte aux changements climatiques, de s’engager dans la transition énergétique, de s’assurer de concevoir des espaces qui permettent une mitigation des effets sur le climat, je n’aurais pas accepté l’offre de l’AFG. Pour avoir travaillé auparavant en collaboration avec des firmes de génie-conseil, j’avais déjà senti qu’il y avait un intérêt de leur part de s’attaquer à ce défi, et c’est essentiellement ce qui m’a motivé à faire le saut. Pour moi, après plus de 25 ans de carrière, c’est un peu une façon d’ajouter une pièce au casse-tête dans le vaste effort de lutte au changements climatiques et au développement durable. Au sein de l’AFG, j’ai également senti une volonté d’intégrer des matériaux « vivants », plutôt que ce que j’appelle des matériaux « inertes », qui sont des matériaux de base pour nos professionnels. J’ai donc senti cette sensibilité pour le rôle du génie végétal, dans l’élaboration de petits comme de grands usages. Dans cette perspective, je pense qu’il y a un très bel horizon qui se dessine pour les firmes de génie-conseil, dans la mesure où il y a une ouverture d’esprit qui a été développée dans les dernières années.
Quelle est votre vision de l’avenir dans le secteur du génie québécois? Auriez-vous un conseil a donné à la relève?
La deuxième partie de l’entrevue sera disponible dès le mois prochain. Bernard Bigras nous en dira plus sur la mise en œuvre du plan stratégique 2021-2024 de l’AFG, ainsi que sur sa tournée des membres qui se déroule actuellement sous le thème « Créer un environnement d’affaires favorable et durable. »